SNCF Réseau et Voies Navigables de France signent une alliance fer/fleuve

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SNCF Réseau et Voies navigables de France officialisent leur partenariat avec la signature d’une convention destinée à promouvoir la complémentarité opérationnelle entre le fret ferroviaire et fluvial. Leur démarche conjointe doit permettre la construction de chaînes logistiques bas carbone, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Une convention fer/fleuve en faveur de la transition énergétique

25 janvier 2020 : SNCF Réseau et Voies navigables de France (VNF) officialisent leur partenariat avec la signature d’une convention fer/fleuve qui leur permettra de mettre en œuvre des actions coordonnées en faveur d’une croissance commune des trafics fluviaux et ferroviaires.

Annoncé en décembre lors de la 13e édition du Riverdating, ce rapprochement stratégique va dans le sens du développement des modes massifiés, qui s’inscrit lui-même dans la Stratégie Nationale Bas Carbone et dans les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat(1). Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le développement de l’intermodalité et du report de la route vers les modes alternatifs est en effet le moyen le plus efficace pour réduire les émissions carbonées du transport de marchandises.

 

« Il y a une vraie volonté collective de privilégier des modes de transports propres et nos capacités d’investissement sur le réseau fluvial sont historiquement hautes, avec un budget multiplié par deux pour les deux prochaines années »

Auteur : Thierry Guimbaud, Directeur général de VNF

Une réponse adaptée aux besoins croissants des clients

SNCF Réseau et VNF s’appuient sur des infrastructures qui disposent de capacités de croissance des trafics, avec la possibilité de relier de grandes distances pour le fer et d’aller au cœur des agglomérations pour le fluvial. Ce maillage sur le territoire offre des possibilités d’interactions avec de nombreuses plateformes portuaires et intérieures, assurant à la fois la desserte de proximité, l’ancrage à l’Europe et à l’international. 

Le transport fret est doublement optimisé : à ces capacités augmentées de trafics s’ajoute une plus grande continuité de service avec la possibilité, en cas d’arrêt de circulation du ferré ou du fluvial, de substituer un mode par un autre.

« Le contexte actuel de crise sanitaire est un révélateur du besoin de promouvoir des modes de transport durables et massifs et de s’unir pour développer leurs trafics, d’autant plus qu’ils disposent d’infrastructures très disponibles, que l’on pourrait mieux utiliser pour les saturer. »

Auteur : Isabelle Delon, Directrice générale adjointe Clients et Services de SNCF Réseau

Des actions concrètes pour ancrer le réflexe du report modal

L’un des principaux chantiers lancés dans le cadre du partenariat entre SNCF Réseau et VNF sera de cartographier finement les complémentarités entre les deux modes, pour les flux existants comme pour les flux potentiels à développer : caractéristiques des réseaux, interconnexions, identification des terrains SNCF à proximité de voies d’eau permettant la mise en place de synergies fer/fleuve, caractéristiques des filières industrielles utilisatrices… 

Cette stratégie concertée va également contribuer à la compétitivité des ports, en valorisant et constituant un réseau de plateformes tri-modales (fluvial, fer, route), afin d’accroitre la desserte des places portuaires par les modes massifiés. 

 

Les objectifs du partenariat SNCF Réseau/VNF

L’ambition de la convention fer/fleuve est de fixer un cadre partenarial de réflexion et d’actions pour :

  • identifier les possibilités de complémentarités des deux modes en fonction des flux existants et potentiels ;
  • travailler au développement d’une offre commerciale fer/voie d’eau répondant aux besoins pour tous types de marchandises ; 
  • communiquer auprès des chargeurs sur les solutions de transport combiné fer/voie d’eau existantes ou sur des offres potentielles « modes lourds » pertinentes pour leurs besoins ;
  • connaître les arrêts programmés ou impromptus de circulation afin de proposer dans la mesure du possible des solutions de substitution d’un mode vis-à-vis de l’autre ;
  • mener des actions de promotion et de prospection communes auprès des chargeurs et logisticiens, fédérations professionnelles, etc. 

Isabelle Delon, Directrice générale adjointe Clients et Services de SNCF Réseau, explique les objectifs de cette alliance


Le train comme la barge sont des modes de transport de marchandises déjà anciens. Pourquoi entamer un tel rapprochement maintenant ?
L’attente autour de solutions durables et alternatives est forte au sein de la société, comme en témoignent les propositions de la Convention citoyenne pour le climat(2) en faveur du développement des transports bas carbone. Cette alliance est également réclamée depuis longtemps par les entreprises et les chargeurs. Soumis à des obligations légales et des enjeux d’image, ils cherchent de plus en plus à se tourner vers des modes plus respectueux de l’environnement.

Le contexte est donc particulièrement favorable...
Le ferroviaire et le fluvial sont non seulement complémentaires mais disposent aussi d’infrastructures peu saturées en comparaison avec la route. Le potentiel de croissance est grand. Je pense, notamment, au transport combiné qui consiste à mettre une remorque sur un train puis la passer du train à la barge.

Qu’est-ce qui fait leur complémentarité ?
Le transport par voie ferrée et fluviale est à la fois pertinent sur de longues distances, grâce aux trains, mais aussi pour pénétrer au cœur des agglomérations avec les barges. Le chargeur Carrières du Boulonnais utilise déjà cette combinaison pour transporter leurs matériaux vers les chantiers du Grand Paris.

Ce qui signifie moins de camions en ville…
Oui et c’est tout sauf anodin lorsque l’on sait que la circulation des poids lourds génère à elle seule 20% des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports. Un convoi fluvial est un mode de transport peu bruyant qui consomme 3 à 4 fois moins d’énergie que le transport routier et peut embarquer l’équivalent du chargement de 200 camions. Un train de fret représente, quant à lui, 40 camions en moins sur la route et rejette 10 fois moins de CO2. En combinant les deux, le gain écologique est indéniable, particulièrement dans les zones urbaines.

Et pourtant, la part de marché du fret ferroviaire et celle du fluvial restent modestes. Comment l’expliquez-vous ?
Il existe d’abord un frein matériel : toutes les entreprises ne sont pas raccordées aux réseaux ferroviaire ou fluvial. Par ailleurs, nos offres demeurent souvent méconnues. Nous sommes encore trop perçus comme des modes « lourds » qui ne transportent que des produits de carrière ou des céréales. Le transport par fleuve ou train paraît peut-être moins évident pour des entreprises commercialisant des produits de grande consommation. Or, le transport combiné est tout aussi adapté à leurs besoins. Nous devons donc mener un travail commercial et de pédagogie. C’est l’un des enjeux de notre partenariat avec VNF.

Que représente concrètement ce partenariat ?
Nous n’avons pas voulu engager d’actions que nous ne serions pas capables de réaliser. Il s’agit d’abord de mieux nous connaître et de partager nos infos. Une première étape essentielle qui passe par des choses assez simples.

Par exemple ?
Ne pas réaliser, dans la mesure du possible, des travaux en même temps sur le réseau ferroviaire et les infrastructures fluviales quand la voie d’eau peut être un itinéraire alternatif. Mais également favoriser la communication entre nos commerciaux lors de présentations croisées de nos offres respectives. Il faut que chacune des deux entités puissent mieux les appréhender, les présenter à de potentiels clients. Enfin, si les programmes d'investissement restent propres à chacun, cela n’empêche pas de discuter ensemble de ce que pourraient être, à l’avenir, des plateformes communes pour mieux connecter le ferroviaire et le fluvial.

À l’avenir, peut-on imaginer des plateformes qui mêleraient fluvial, fer et routes maritimes ?
Les ports sont des partenaires importants et des gestionnaires stratégiques dans la logistique nationale et internationale. Plus ils sont forts et connectés et plus on a intérêt à unir nos forces pour développer les parts de marché combinées de ces trois types d’infrastructures, comme c’est le cas, par exemple, au port d’Hambourg, en Allemagne, où la part de marché du fret ferroviaire atteint 50%.

C’est l’objectif que vous vous fixez ?
Même s’il existe des régions où la part du ferroviaire avoisine les 20%, comme dans les Hauts-de-France, nous sommes encore loin du port d’Hambourg. Nous souhaitons évidemment nous en rapprocher, mais pour atteindre de telles parts de marché, la volonté politique est également primordiale. Le récent plan de relance(3), qui facilite les investissements sur les modes fluvial et ferroviaire, est un signal très positif.
 

« Le transport par fleuve ou train paraît peut-être moins évident pour des entreprises commercialisant des produits de grande consommation. Or, le transport combiné est tout aussi adapté à leurs besoins. »

Auteur : Isabelle Delon, Directrice générale adjointe Clients et Services de SNCF Réseau

Jean-Baptiste Djebbari, Ministre délégué chargé des transports, Thierry Guimbaud, Directeur général de VNF, Isabelle Delon, Directrice générale clients et services de SNCF Réseau, Pierre Proy, Directeur de la stratégie et du développement de Carrières du Boulonnais et Anne-Marie Idrac, Présidente de France Logistique, présentent cette convention et les atouts d’une logistique combinée fer-fleuve.

La signature de la convention est l’occasion pour le Ministre délégué chargé des transports de détailler les investissements et projets soutenus par le Gouvernement en faveur du développement de chacun des modes, notamment grâce au plan #FranceRelance​.

1 Dans la convention pour le climat qui vise à réduire d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2030 et à modifier en profondeur notre société, les 150 citoyens ont formulé des propositions marquantes : augmenter les investissements publics dans les infrastructures ferroviaires et fluviales, développer le fret maritime, ferroviaire et fluvial, ou encore obliger les grandes entreprises françaises à définir un plan de réduction de leurs émissions liées au fret.

2 Dans la convention pour le climat qui vise à réduire d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030 et à modifier en profondeur notre société, les 150 citoyens ont formulé des propositions marquantes : augmenter les investissements publics dans les infrastructures ferroviaires et fluviales, développer le fret maritime, ferroviaire et fluvial, ou encore obliger les grandes entreprises françaises à définir un plan de réduction de leurs émissions liées au fret.

3 Dans le cadre du plan France Relance, le gouvernement a notamment attribué une enveloppe de 175 millions d’euros en faveur du développement du transport fluvial.