Une autorisation renouvelée tous les cinq ans
Le bois des traverses est vulnérable aux attaques de bactéries, champignons ou autres insectes ainsi qu'aux conditions climatiques. Pour protéger et accroître leur durée de vie, SNCF Réseau, comme la majorité des gestionnaires de réseaux ferroviaires, utilise depuis plus de 100 ans de la créosote. L'Union européenne souhaite interdire ce produit biocide issu de la distillation de la houille. Mais, faute d'alternative performante et autorisée, et aux conditions socio-économiques favorables, il bénéficie d'une autorisation de mise sur le marché renouvelée tous les cinq ans.
36 produits alternatifs passés au crible
La majorité des traverses est traitée par imprégnation de la substance par l'établissement industriel SNCF Réseau Quercy Corrèze, situé à Bretenoux (46). Depuis 2016, SNCF Réseau mène un projet d’innovation pour trouver des substituts durables à la créosote. Pas moins de 36 produits ou matériaux alternatifs sont ou ont été évalués sur leurs performances techniques, toxicologiques et environnementales tout au long du cycle de vie de la traverse. « Nous devons à la fois garantir la continuité des approvisionnements indispensable à la rénovation du réseau et anticiper la mutation de l'établissement industriel Quercy Corrèze qui sera nécessaire si des alternatives sont validées », explique Vincent Auriat, chef du département Développement Durable à la Direction Générale Industrielle et Ingénierie (DGII) de SNCF Réseau et chef du projet « Post-créosote ». « Nous menons des études indépendantes des acteurs de la chimie, avec l'idée d'être parfaitement transparent pour aider les autorités à prendre des décisions éclairées. »
15 expérimentations réalisées en voie
Afin de faire progresser l'identification d'alternatives à la créosote, SNCF Réseau s'appuie sur une start-up située en Belgique : Durwood. Cette entreprise réalise à la fois des essais en laboratoire, des essais sur le terrain et des essais de pré-industrialisation. « Nous disposons notamment d'une chambre servant à simuler les conditions climatiques et leurs effets à long terme sur le vieillissement du bois en fonction du produit utilisé pour le traitement », explique François Amorison, fondateur dirigeant de Durwood. Le projet de recherche comprend des expérimentations in situ sur quinze chantiers de SNCF Réseau. À l’occasion de travaux de renouvellement de voies, de nouvelles traverses imprégnées par les nouvelles solutions sont posées en alternance avec des traverses créosotées. Des prélèvements sont effectués par Durwood et par un bureau d’étude pour vérifier à la fois la bonne imprégnation du produit dans la traverse, et son innocuité pour les sols et donc, son action sur l’environnement.