24 heures dans la vie d'un agent SNCF Réseau
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Publié le Mis à jour lePORTRAIT - Samuel Lenoir sait parler de son métier, il est même intarissable. À 53 ans, cet agent du service électrique à SNCF Réseau, unité de maintenance d’Orléans – Les Aubrais, en est devenu le responsable-adjoint. Suivons-le
"Dans une même journée, on passe de la clé de 38 à l'ordi"
Sous la houlette de Samuel Lenoir, cinq agents habilités, quatre autres en cours de formation et de temps en temps un ou deux stagiaires en alternance. Leur mission ne souffre aucun à-peu-près, dédiée au parfait fonctionnement des systèmes de signalisation et d’aiguillage, le long des voies ferrées et sur les passages à niveau. Sa journée de travail peut à l’occasion se transformer en nuit, sans compter les périodes d’astreinte. La charge mentale s’apparente à du courant continu. Avec un leitmotiv : la sécurité, autant des agents sur le terrain que des voyageurs dans les trains. « Une signalisation défaillante peut causer une catastrophe, notre responsabilité est immense. Si un essai n’a pas été fait complètement, tu ne peux pas dormir. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. » À l’embauche, après un bon café pris en équipe, le boulot débute par le débriefing de la nuit : les incidents sont rapportés et analysés. S’ensuit le briefing qui distribue à chacun les tâches de la journée. « La confiance entre nous est essentielle, car chaque sous équipe doit être autonome sur son lieu d’intervention. On ne se revoit que le soir. »Accroché à son téléphone, Samuel est lui-même appelé à intervenir plusieurs fois par jour. Ce sportif (natation, marche athlétique, randonnée), ex-éducateur de rugby, a développé une vocation de formateur. Une importante partie de son temps de travail est consacrée à l’accompagnement des jeunes recrues en quête d’habilitation. « Je suis désormais l’ancien qui forme les jeunes, comme je l’ai été moi-même » confie-t-il, parlant de transmission comme un compagnon du Devoir. Ce métier très physique, qu’il vente ou qu’il neige, se partage entre intérieur et extérieur,« de la clé de 38 à l’ordi ». Un métier où il faut savoir tout faire et surtout aimer le faire. Visiblement, Samuel s’épanouit chaque jour à vérifier que le courant passe.

Le détecteur de boîte chaude
Samuel intervient sur un « détecteur de boîte chaude » (qui prend la température des bogies, les chariots où sont fixées les roues du train). Il vérifie les messages d’erreur, les alarmes, les dysfonctionnements et les analyse à distance.

Les batteries de secours
Ici Samuel vérifie la conformité des batteries de secours du secteur. La SNCF est l’une des rares institutions qui conserverait son autonomie électrique si le pays venait à connaître une coupure générale de courant.

La réserve de relais
Un acte important : la vérification de la réserve de relais qui permettent de suivre les informations relatives aux installations électriques, par exemple la position d’un aiguillage.

Poste de pilotage des Aubrais
Samuel nous fait les honneurs du poste de pilotage des Aubrais, véritable tour de contrôle du trafic ferroviaire.

Territoire
Son travail exige une grande mobilité et une parfaite connaissance du réseau ferroviaire, spécialement les particularité locales : les
endroits dangereux et leurs spécificités.

Formation
Aucun agent ne peut intervenir sans habilitation. Ce sésame professionnel s’obtient au terme d’un minimum de deux années de formation intensive, autant théorique que sur le terrain. « J’essaie de leur inculquer la rigueur et le respect absolu de nos process », mais toujours avec le sourire, « dans un bon esprit d’équipe ».

Le détonateur
Samuel procède à la vérification du fonctionnement d’un détonateur (qui provoque une explosion d’alerte lorsqu’un train franchit un signal fermé). Ici l’on voit l’importance du travail en équipe. Un agent n’est jamais seul sur le terrain. Tandis que l’un s’active sur la voie, l’autre — l’« annonceur » — veille sur sa sécurité, le regard fixé au loin. Les deux font systématiquement un briefing terrain préalable à toute intervention, notamment pour échanger sur les méthodes d’intervention et le délai de dégagement lorsqu’un train pointe le bout de son nez

Le détecteur sur voie
Entretien d’un détecteur sur voie, capteur électro-mécanique qui déclenchera le détonateur de sécurité.

Aiguillage
Opération de maintenance d’un aiguillage. Ce puissant moteur actionne le lourd aiguillage et nécessite un contrôle autant visuel qu’à base de mesures.
