Une vingtaine de trains (fret, TGV/AVE) circulent chaque jour entre la France et l’Espagne, via Hendaye/Irun sur l’itinéraire Atlantique, et Cerbère/Port-Bou côté Méditerranée.
Chargés de gérer et de réguler la circulation des trains au niveau national, le Centre national des opérations circulation (CNO-C), pour SNCF Réseau en France, et l’ADIF H24 pour l’Espagne, ont souhaité améliorer leurs échanges, dès lors que des incidents d’exploitation ont un impact important, réel ou potentiel, sur ce trafic transfrontalier.
Interruptions longues de circulation, retards de train, alertes météo, mouvements sociaux, difficultés de réception et d’expédition de trains, donneront donc désormais lieu à des échanges d’informations systématiques, de façon anticipée autant que possible, en complément des échanges déjà existants localement aux postes frontières.
Qualité du service ferroviaire en France et en Europe
Enjeu n°1 : Mieux servir les clients transporteurs et clients finaux, en améliorant la qualité de production et de service et l’information, grâce à une plus forte capacité d’anticipation et de réaction. Il s’agit également d’être mieux armés pour trouver des solutions aux trafics transfrontaliers en cas d’incident majeur sur l’un des réseaux.
Ce protocole renforce le CNO-C dans son rôle de tour de contrôle et de supervision du trafic ferroviaire de bout en bout au niveau national, en interface avec les réseaux ferroviaires voisins. Il contribue plus largement au développement de l’Europe du rail, en tant qu’espace de coopération et de cohésion entre gestionnaires d’infrastructure pour une gestion optimale des trafics à l’échelle européenne. Une condition essentielle pour soutenir l’interopérabilité du réseau transeuropéen, favoriser le développement du fret ferroviaire et les échanges internationaux de voyageurs.
Quand la supervision du trafic dépasse les frontières
Le Centre national des opérations circulation et son homologue espagnol, l’ADIF H24, viennent de signer un protocole d’actions communes. L’objectif ? Améliorer leur communication lors d’incidents d’exploitation pouvant perturber le trafic transfrontalier.
Depuis le 6 décembre, les équipes du Centre national des opérations circulation (CNO-C)* doivent notifier leurs homologues espagnols de tout événement susceptible de perturber le trafic transfrontalier : interruptions longues de circulation, retards de train, alertes météo, mouvements sociaux ou difficultés de réception et d’expédition des trains dans les gares frontières.
Selon les perturbations, ils sont tenus d’indiquer a minima le type d’incident, les restrictions et/ou le plan alternatif, l’estimation du temps de rétablissement de la circulation, l’impact et les retards estimés pour chaque train à la frontière.
L’ADIF H24 avait déjà mis en œuvre des procédures similaires avec Refer, gestionnaire d’infrastructure portugais. De son côté, le CNO-C s’était rapproché de l’allemand DB-Netz, via des échanges opérationnels chaque semaine entre coordonnateurs nationaux, et chaque mois entre dirigeants pour avancer en amélioration continue.
C’est l’une et l’autre de ces méthodes qui sont déployées aujourd’hui entre le CNO-C et l’ADIF H24. Le protocole établissant les procédures, signé le 29 novembre, est entré en vigueur le 6 décembre. Les dirigeants se réuniront dès janvier pour un premier point d’étape : « Il est toujours plus facile d’apporter des solutions en temps de crise lorsque l’on se connaît, que l’on a déjà travaillé ensemble, en anticipation », souligne Bruno Davin, dirigeant du CNO-C.
Les procédures ont été partagées avec les équipes en décembre : « Nous avons rappelé les modalités, expliqué qui contacter et comment, poursuit Bruno Davin. L’accueil est positif mais il faut encore les aider à dépasser les appréhensions liées à la barrière de la langue.»
Des enjeux nationaux et européens
La volonté commune de l’ADIF H24 et du CNO-C est d’apporter, grâce à ce protocole, une vision globale des trafics entre France et Espagne, d’amener les équipes opérationnelles à mieux se coordonner pour améliorer la qualité de production et de service et l’information au profit des clients transporteurs et des clients finaux. Une démarche qui rejoint tout à fait les ambitions du programme Cœur Réseau, inscrit au titre des projets prioritaires du projet d’entreprise Tous SNCF Ambition Réseau.
« L’idée est aussi de dépasser le cadre national pour étendre la supervision aux interfaces, et que le CNO-C joue pleinement son rôle de tour de contrôle, de vigie du trafic national et européen. Avec comme enjeux de soutenir l’interopérabilité du réseau transeuropéen, de favoriser le développement du fret ferroviaire et les échanges internationaux de voyageurs », conclut Bruno Davin.
* Le Centre national des opérations circulation est rattaché à la Direction Opérations et Services, au sein de la Direction générale Opérations et Production de SNCF Réseau.
20 : c’est la moyenne des trains – fret et TGV/AVE, tous opérateurs confondus – circulant par jour entre la France et l’Espagne.
UNE MÉTHODE ET UN OUTIL AU-DELÀ DES FRONTIÈRES
Un système d’alerte automatique, baptisé Teams Border Operations, a été mis en œuvre par la Direction Opérations et Services (DOS), dont fait partie le CNO-C. Il permet d’envoyer ou de recevoir les alertes opérationnelles des réseaux voisins, y compris d’Angleterre. La communication s’établit via Durandal, outil de gestion des incidents de circulation. L’alerte s’accompagne d’un fil de discussion à l’usage des opérationnels : les messages sont envoyés dans la langue maternelle de l’opérateur, traduits automatiquement dans la langue du pays de réception. L’ADIF H24 étudie la possibilité de déployer cet outil courant 2022, en complément du protocole qui fixe la méthode de travail.