L’Année européenne du rail entend contribuer à atteindre l’objectif européen de neutralité climatique d’ici à 2050. Les grands opérateurs et gestionnaires d’infrastructure (GI) des états membres doivent proposer leur vision des actions visant à promouvoir l’attractivité du transport ferroviaire. L’un de ces facteurs d’attractivité concerne le fret ferroviaire.
Il existe 11 corridors de fret en Europe dont 4 sur notre territoire, tel que prévu par le règlement (UE) n°913/2010. Ce règlement a également vu l’installation depuis 2013 d’un guichet unique, le Corridor One-Stop Shop (C-OSS). Son objectif est de proposer aux entreprises ferroviaires de faire une seule demande de sillons, même si leur convoi traverse plusieurs pays, et d’allouer au nom des GI l’ensemble du sillon international en une seule opération.
Qu’est-ce qu’un corridor ?
Concrètement, un corridor de fret se présente comme un axe ferroviaire international, dont l’objectif est d’augmenter la part modale du fret ferroviaire en Europe. Au sein de chaque corridor, les gestionnaires d’infrastructure sont chargés de parvenir à une stratégie capacitaire commune, de faciliter la coordination des sillons aux frontières, et la gestion des travaux de part et d’autre des points frontière. Les corridors de fret sont également des facilitateurs sur des sujets comme l’interopérabilité. Ils sont animateurs du dialogue entre les GI et les clients, voire toutes les parties prenantes.
« L’Europe est le domaine de pertinence du fret ferroviaire, car c’est sur la longue distance que le mode ferré gagne en compétitivité par rapport à la route. La part du fret ferroviaire international est en augmentation depuis 2009 et c’est donc en très grande partie ce trafic qui nous permettra d’augmenter la part modale du fret ferroviaire dans les années à venir »
Claire Hamoniau, de SNCF Réseau, nommée le 9 juin gérante du Groupement européen d’intérêt économique Corridor Atlantique
Le marché fret d’autant plus important que ses corridors facilitent le développement du fret international en travaillant avec les entreprises ferroviaires, les gestionnaires de terminaux et les autres GI. Et ce, en accord avec des objectifs écologiques. Pour Claire Hamoniau, l’essor des trafics ferroviaires internationaux nécessite toutefois « une amélioration de la qualité des sillons et des circulations. SNCF Réseau doit notamment mieux aligner les travaux tout au long du corridor et coordonner les travaux avec ceux des GI voisins pour laisser plus de capacité pour le trafic fret. »
Une mission de prospective
La désignation de Pierre Chauvin comme gérant du Groupement européen d’intérêt économique (GEIE) Vitoria-Dax le 8 juin dernier illustre la volonté de SNCF Réseau de travailler en parallèle sur deux temporalités :
- le présent, avec une stratégie renforcée autour des corridors de fret et une nouvelle plateforme pour la commande de sillons internationaux ;
- l’avenir, avec le travail mené au sein du GEIE sur des études techniques, économiques et financières pour améliorer l’interopérabilité de liaison ferroviaire binationale Vitoria-Dax, maillon clé de l’axe ferroviaire européen atlantique.
Zoom sur la commande de sillons internationaux : comment ça marche?
Regards croisés sur le processus et les évolutions de la commande de sillons internationaux avec Yann Le Floch, gérant du corridor de fret North Sea - Mediteranean à la Direction Europe et Paul Mazataud, responsable du projet Fret ferroviaire de SNCF Réseau et président de l’association RailNetEurope (RNE) .
- Comment se déroule la commande de sillons internationaux ?
Yann Le Floch : Au préalable, un travail d’élaboration d’un catalogue de sillons internationaux est mené en concertation avec les différents gestionnaires d’infrastructures européens (GI) à partir des besoins des clients. Ce catalogue est publié la deuxième quinzaine de janvier sur une plateforme unique PCS (Path Coordination System). Fondée sur des règles communes aux GI, elle régit la commande de sillons internationaux situés sur les lignes des corridors de fret. Les clients passent leurs commandes jusqu’au deuxième lundi d’avril. Commence alors l’élaboration du service annuel par les GI (en France, la Direction de l’Attribution des Capacités) jusque début juillet.
- Qui sont les acteurs impliqués dans ce domaine chez SNCF Réseau ?
Yann Le Floch : C’est un travail d’équipe ! Sont impliquées la DG Opérations & Production et ses différentes directions des zones de production (DZP), la Direction générale Clients et Services (DGCS), dont font partie, la DAC, la Direction marketing, la Direction commerciale mais aussi la Direction générale de l’Exploitation (DGEX), et enfin les Directions Territoriales en cas de conflits entre sillons Fret et sillons Voyageurs régionaux. J’aimerais préciser que, sur mon corridor North Sea - Mediteranean, nous sommes en quelque sorte une filiale conjointe des réseaux, chargée de la coordination internationale et de l’allocation des sillons internationaux pour le compte de nos GI.
- Quels sont les bénéfices clients de la plateforme PCS ?
Yann Le Floch : Tous les sillons internationaux de SNCF Réseau sont sur la plateforme clients PCS, qui regroupe le catalogue et la commande de sillons, ce qui garantit une meilleure coordination. Chaque corridor dispose de son Corridor One-Stop Shop (C-OSS), une personne chargée d’aider les clients dans le processus de commande.
- La plateforme PCS est-elle amenée à évoluer ?
Paul Mazataud : Effectivement, cet outil européen va faire l’objet d’une extension de ses fonctionnalités dans le cadre du projet TTR (Timetabling & Capacity Redesign, autrement dit refonte des horaires). Depuis 2014, les opérateurs et les GI travaillent à ce projet pour développer des processus plus efficaces et plus harmonisés en matière de gestion de capacités. Dans un contexte de croissance du nombre de circulations, du nombre d’opérateurs et du volume des travaux, TTR s’appuiera sur la conception par chaque GI, d’une offre capacitaire qui réponde au mieux à l’intérêt collectif des opérateurs. TTR devra donc prévenir les conflits potentiels entre les demandes des clients, et entre ces demandes et les travaux. Il a vocation à être mis en œuvre en Europe pour l’horaire 2025 et concernera aussi bien les marchés fret, voyageurs, nationaux et internationaux. Le volet numérique de TTR prendra la forme d’une plateforme beaucoup plus riche que l’actuel PCS. Elle deviendra l’outil de référence européen pour accompagner nos clients dans toutes les phases de leur accès à la capacité.
LE RÔLE DE LA DIRECTION EUROPE
La Direction Europe porte les ambitions, les projets et les positions de SNCF Réseau auprès des acteurs du rail européen : fournir l’offre commerciale des corridors, instaurer des coopérations entre GI, rechercher des financements européens pour ses projets, participer à l’amélioration de l’interopérabilité ferroviaire. La Direction Europe est également à la manœuvre sur des sujets liés à la présence de SNCF Réseau dans des associations européennes de lobby ou de coordination technique.